À propos du
Créole, Kréòl, Kréyòl, Kriyòl
CE terme s’est imposé pour désigner divers éléments ; il convient d’en faire un usage éclairé.
Il désigne aujourd’hui :
- Des peuples – négroïdes – (des Créoles) qui se sont développés sur des terres colonisées.
- Une langue (le créole) – parlée par ces peuples – qui est née au XVIIème siècle et qui est une combinaison des langues des esclavagistes européens et d'idiomes africains.
- Quelqu’un de métissé (impliquant toujours une part négroïde). Par exemple, certains ont dit que Barack Obama est un Créole.
- Une nouvelle langue endogène, en effet, le mot "créole" s'applique aussi pour les nouvelles langues hybrides post-esclavagiste comme le saramaka, l'okanisi ou le sranan tongo qui sont des langues des Noirs marons du Suriname et de la Guyane ; ou encore le papiamento, créole des iles du Curaçao et Bonaire.
- Une "Lingua franca", terme venant de l’Italien pour dire : "langue franque" ou langue de pont. C’est-à-dire une langue transverse permettant un minimum de communication. Par exemple, si votre interlocuteur brésilien ne parle pas le français et vous le portugais mais que vous deux aviez des notions d’anglais, cette dernière devient votre "créole" au sens d’une "Lingua franca".
- Pour qualifier la nature indigène d'un végétal ou animal ("citron créole", "chien créole") ou une production locale comme "gâteau créole".
Ayant une compréhension éclairée du terme "créole", il convient de l’utiliser en toute connaissance de cause. Il tend à signifier "mélanger" mais il désigne pour la majorité : un peuple, sa langue et sa culture issus d’un traumatisme commun qu’est la traite d’Africains et leurs mises en esclavage en terres d’Amériques et des îles de l'océan Indien.
Le créole de Guyane, pas qu’en Guyane !Le contrôle des Guyanes portugaise et française par les européens a impacté la langue des peuples autochtones de l’Amazonie. Avant que la frontière franco-brésilienne soit délimitée par le fleuve Oyapock, vivaient des Amérindiens qui échangeaient de part et d’autre de ce fleuve long de 370 Km. Les Africains qui fuyaient l’assertivement française se mêlèrent à ces autochtones du Brésil au point que le créole guyanais est devenu la langue maternelle d'Amérindiens de l'Amapa : les karipúna et les Galibimarworno. Ils appellent leur langue : "Lanc-Patuá " ("langue patois"). Cette langue est le créole guyanais mais n’est pas la possession exclusive des afro-descendant guyanais. Les guyanais qui entendent cette langue ont l’impression d’entendre l’ancien créole si ce n’est "l’authentique" créole de Guyane. Et pour cause, cette langue n’a plus subit l’influence française depuis 1897 mais celle portugaise. |
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Étymologie
L’origine étymologique de ce mot est connue, il vient du latin : "criar" (lié à "creare" pour créer). "Criar" veut dire élever (nourrir, éduquer) et de 'dresser', (façonner, pour ne pas dire dompter). Il désigne à l’origine un serviteur élevé dans la maison de son maître sous l'empire Romain.
Il fut utilisé par les "envahisseurs" venant de la péninsule Ibérique qui furent les premiers colons et esclavagistes. D’abord les Portugais avec " crioulo " pour désigner les Noirs nés au Brésil. Ensuite les Espagnols avec "criollo" pour désigner leurs enfants (blancs) nés en terre étrangère colonisée.
Ce dernier sens fut adopté par les Français pour leurs enfants (blancs) nés aux Caraïbes et en Amérique ; Joséphine de Beauharnais, l’épouse de Napoléon Bonaparte est la plus connue des Créoles (blancs) de la Martinique.
Le terme fut ensuite appliqué aux noirs naissant sur les terres colonisées tout comme au Brésil. Mais apparemment seuls les "territoires" français ont conservé et vulgarisé le mot, probablement, au départ, pour distinguer les deux types d'esclaves : créoles et bosals, très nombreux à Saint-Domingue (Haïti) estimé à environ 750000.
Un mot utilisé par des colons esclavagistes dans un contexte raciste
Que ce terme soit aussi appliqué aux Noirs semble logique puisque :
- Ces enfants d’Africains déportés naissent eux aussi en terre étrangère.
- Ils sont bien souvent aussi les enfants des colons qui s’assouvissaient sur les femmes noires souvent par viol. (Ces esclavagistes ne reconnaissaient pas leurs progénitures et, de fait, ces enfants et leurs mères rejetaient se géniteur violeur. Encore aujourd’hui des "Créoles" rejettent leur ascendance européen).
- Ils sont, de fait, une nouvelle "création" (de "creare" en latin) : Nouvelle terre, nouvelle société, nouvelle langue et nouvelle culture.
- Ils sont " créolisés " au sens étymologique du mot, c’est à dire : 'élevés' et 'dressés', (pour parler, penser et agir comme voulaient les maîtres ?).
Ce dernier point de vu rend l’usage du mot "créole" très péjoratif quand il est prononcé par un Européen pour désigner les Peuples noirs. D’autant qu’on ne peut le détacher du contexte dont lequel il fut né, c'est-à-dire à l’époque où les français – comme d’autres européens – avaient une politique raciste de déshumanisation des Noirs : penser aux conditions de la traite négrière, de l’esclavage, du "Code Noir", et des Zoos humains en Europe.
Le terme "créole" ne fut donc pas appliqué par les français aux Noirs Africains et leurs descendants pour les valoriser. L’esprit de l’époque était au contraire à l’abaissement animal. D’ailleurs, ce ne sont pas les descendants Noirs qui se sont donnés des expressions animalières pour désigner les nuances de pigmentation comme : chabin, chabine, mulâtre, mulâtresse etc.
Quand un européen utilise le mot "nègre" (qui pourtant veut dire "noir" en espagnol) pour désigner un Noir Africain ou ses descendants, cela met en émoi ces derniers. Pourquoi ? Parce qu’il est toujours perçu péjorativement dans la bouche d’un Européen, quels que soient ces intentions, sachant que ce mot était utilisé par leurs ancêtres avec un esprit méprisant, rabaissant, raciste. Le mot "créole" ne suscite pas la même émotion alors qu’il fut appliqué dans le même contexte. Comment expliquer cela ? Est-ce parce que ce terme fut utilisé avant pour des blancs ? Ou est-ce là l’illustration du parfait aboutissement de la “ créolisation ” ou la vision du 'maître' est assimilée et intégrée ?
Rappelant encore que le terme s'impose et se justifie car il désigne divers éléments comme expliqué plus haut. Mais quand un petit fils ou une petite fille d'esclave l'utilise aujourd'hui, il doit le faire de manière éclairée, c'est à dire en toute connaissance de cause, en n'oubliant pas son aspect péjoratif.
En effet, "Créole" évoque aussi "le colonisé", "l'assimilé" celui qui a été (a été ?) "dominé" et "façonné" ;
Sous cet angle, y a -t-il fierté à revendiquer d'être un ou une "Créole" ?
"C'est une Créole !"
Cette expression utilisée par les colons, notamment en Louisiane, pour désigner une femme noire (une "métisse", souvent fruit d'un viol) d'un esclavagiste Français, semble valorisante. Mais est-ce vraiment le cas ? |
A méditer... Il est étonnant de constater que de toutes les terres colonisées d’Amériques, seules les colonies française (en dehors d’Haïti) ont suivit un parcours d'enracinement auprès du colonisateur – encore aujourd’hui – après les abolitions. |
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Le créole, une langue !La naissance de la langue créole est quelque peu mystérieuse. Comment expliquer qu’une langue naisse simultanément sur plusieurs zones géographiques très éloignées, (sans qu’il y ait eu d'échange), et soit comprise entre les locuteurs ? En effet, Guyanais, Guadeloupéens, Martiniquais, Haïtiens, Dominiquains et Saint-Luciens (1) se comprennent aisément quand bien même les nuances de créole ! Pendant longtemps parler le créole était mal perçu parce que synonyme d'illettrisme ; le créole était un mauvais français, un "baragouin". Qui plus est, il ne s'écrivait pas. Les choses ont bien changé depuis. Quand on parle de la langue créole, on pense en premier au créole à base du français (en réalité des langues régionales de la France des années 1600 car il n'y avait pas encore une langue française unifiée). Les linguistes disent que la colonisation a généré plusieurs créoles. On précise maintenant la base lexicale du créole évoquée. Ainsi, il existe des créoles à base lexicale : anglaise, néerlandaise, portugaise et espagnol ; ces langues créoles sont aussi étrangères entre elles que leurs langues sources. Comment aurait pu naître cette langue ? Les Africains mis en esclavage dans la Caraïbe et l’Amérique du Sud ne purent pratiquer — et de fait, conserver — leurs langues maternelles en raison de la séparation et le mélange des familles et des peuples Noirs lors de la traite. Pour pouvoir donc échanger entre compagnons d'infortune déportés, d’ethnies et d’expressions très variées, mais aussi pour que les colons Européens puissent leurs transmettre des ordres, s’est donc développé un pidgin. Ce pidgin se serait structuré et enrichi pour devenir pour les générations suivantes une langue maternelle : le créole. Les linguistes ne sont pas unanimes pour définir la naissance du créole comme une évolution d’un pidgin. D’autres théories font débats pour expliquer la naissance des créoles. (1) : Les Français occupèrent Sainte-Lucie pendant 137 ans, entre 1650 et 1795) |
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